L’Oeil de Poisson : deux expositions qui nous ramènent aux racines
D’un côté, territoire(s) et Premières Nations, de l’autre, ambiguïté entre matières naturelle et artificielle. Jusqu’au 13 mars, L’Oeil de Poisson accueille les œuvres du Saguenéen Carl Bouchard et de la Montréalaise Maude Bernier Chabot sur ces questions. Monsaintroch.com a fait la visite.
Illusions de la nature à la ville
Dans la Petite galerie, Maude Bernier Chabot présente Anatomie d’un paysage, une exposition de seulement cinq œuvres où on pourrait facilement se prêter à un jeu de devinettes : ces œuvres sont-elles faites de matière naturelle ou artificielle ? Deux coquillages accrochés sur chaque côté de la galerie laissent présager qu’ils sont les pièces organiques de l’espace… mais il ne faut pas se laisser piéger au jeu des apparences.L’ambiguïté ne s’arrête pas là. L’une des pièces au centre semble à la fois être en mouvement, sur le point de s’étaler au sol, et former une vague figée dans le temps. L’autre à côté paraît quant à elle bien ancrée dans le sol avec sa tour en béton. Confrontation entre l’oeuvre de l’homme et celle de la nature ?Dans son travail, Maude Bernier Chabot a autant recours aux méthodes traditionnelles de la sculpture qu’aux techniques de reproduction du monde industriel. De quoi mystifier le spectateur dans de véritables trompe-l’œil.La poudre éparpillée autour des pièces crée également une présentation unique et éphémère en fonction de la galerie où elle se trouve : l’artiste ne la dispose jamais de la même façon.
(Dé)posséder son territoire
Du côté de la Grande galerie, Carl Bouchard propose Élargir son territoire, un ensemble de 13 œuvres en tous genres. Audio, photographie, objets, vidéo, l’artiste est connu pour la diversité dans sa démarche artistique.On reconnaît dans ce vaste espace, un symbole des Premières Nations, avec la structure d’un tipi au centre. La trame sonore, interprétée au tambour sacré amérindien, nous plonge aussi dans cette atmosphère autochtone. Les autres échos au thème sont plus subtils.En effet, Carl Bouchard questionne la place des autochtones sur le(ur) territoire, qui ne cesse de s’amoindrir. Les titres des œuvres ne sont pas affichés dans la salle, seulement présentés sur un plan d’exposition à l’entrée, pourtant ils en disent long sur le sujet.Comme « Indigène – rare, menacé, vulnérable et protégé », où sont représentées différentes orchidées indigènes du Québec, fleurs en voie de disparition, sur 62 pochoirs faits main. Ou encore cette séquence vidéo de 18 minutes intitulée « Des traditions qui se perdent – Crever les eaux », où un poisson rouge tente de trouver son espace dans un bocal envahi progressivement par des perches de bois.Dans des diptyques photo, l’artiste a demandé à des autochtones de tenir un objet de leur communauté comme ils le (re)sentaient. Carl Bouchard, lui, apparaît sur le deuxième panneau, tenant ce même objet à sa manière, de quoi se confronter lui-même à la culture indigène. Auriez-vous tenu l’objet de la même façon ? À partir de ces réflexions simples, le visiteur s’interroge sur ces différences et sur notre façon de prendre possession d’un territoire, qu’il soit déjà occupé ou non. Un sujet intemporel.Anatomie d’un paysage et Élargir son territoire sont présentées jusqu’au 13 mars et l’entrée y est gratuite, comme pour toutes les expositions à L’Oeil de Poisson.
L’Oeil de Poisson580, côte d’Abraham418 648-2975
Horaire des galeriesmercredi au dimanche de 12 h à 17 hlundi et mardi sur rendez-vous
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