Le tracel de Cap-Rouge en échange de la statue de Jacques Cartier
Même si le tracel de Cap-Rouge est plus âgé d’une vingtaine d’années, Saint-Roch et, surtout, l’ancienne paroisse Notre-Dame-de-Jacques-Cartier seraient prêts à acquérir le tracel en contrepartie pour l’acquisition de son monument. D’ailleurs, pour le tracel, notre panorama serait beaucoup plus « naturel » : Saint-Roch pourrait souligner, avec cette structure d’acier, toute la gloire de son âge d’or ferroviaire.
Si Cap-Rouge a obtenu le monument de Jacques Cartier si facilement, nous devrions avoir le tracel sans problème, en parlant aux bonnes personnes. Les citoyens de Cap-Rouge et de Saint-Félix nous remercieront enfin d’enlever cette cicatrice indigne à leur panorama.L’entrée dans Saint-Roch devrait subir une cure de rajeunissement bientôt grâce au SRB. Je propose de déménager le tracel dans l’espace vacant du poste de police, afin de remémorer le chemin de fer qui passait par là. Cela fournirait de l’ombre au secteur. De plus, il dissimulerait cette affreuse passerelle de béton d’aspect soviétique.Nous rattacherons l’histoire du tracel à la Gare du Palais ou à la Daishowa (White Birch). Nous changerons le nom du parc Victoria. Je propose le nom de parc Postindustriel ou parc de l’Âge d’or du bois à Québec, ou parc Rothmans, ou parc du Tracel simplement. De toute façon, qu’est-ce que ça change ?
Trêve de plaisanteries
Vous l’aurez compris, j’étais contre le déménagement de la statue de Jacques Cartier à Cap-Rouge, et je ne suis pas le seul. Plusieurs citoyens de Saint-Roch s’inquiétaient de son destin, on a même créé en octobre 2014 une page Facebook Pour une Place Jacques-Cartier fière de son histoire. Les citoyens ont vu venir de loin sa disparition.On l’avait retrouvé dans un entrepôt à ciel ouvert en se demandant quel sort lui serait réservé. On espérait ardemment son retour. Pourquoi déraciner un monument qui porte le nom de l’endroit, et qui était là depuis 80 ans ? La semaine dernière, le kidnapping fut consommé. Le panneau indiquant place Jacques-Cartier avait aussi été remplacé par une affiche indiquant « Édifice CSQ ».
Est-ce qu’un monument à Roberval n’était pas plus adéquat ?
La toponymie était importante pour d’autres raisons, car la place fut un lieu de réunions fameuses, surtout lors de luttes populaires, dont l’« émeute » de la conscription en 1918. Pendant cinq jours, les citoyens de la Basse-Ville révoltés s’y rassemblèrent, et la place servit de point de départ aux manifestations. On y tenait de nombreuses réunions syndicales et politiques au Hall Jacques-Cartier, ancien marché, où l’on pouvait assister, dans une salle communautaire au deuxième étage, à des conférences de la société savante.Lors d’une lutte plus récente en 1989, les citoyens bloquèrent un affreux projet d’autoroute sur le coteau Sainte-Geneviève, ainsi qu’un complexe immobilier indécent nommé la Grande Place, là où se trouve le Jardin Saint-Roch. La consultation populaire, tenue à la bibliothèque Gabrielle-Roy, s’étira sur quatre soirs !
Une politique patrimoniale avariée
Est-ce que le nom de Jacques Cartier demeurera même si la statue n’y est plus ? Dans les prochains mois, la Ville de Québec va sans doute dévoiler un nouveau nom pour la place… Au Québec, nous n’avons aucune politique patrimoniale digne de ce nom, alors on peut changer les statues d’endroit comme bon nous semble. Tout un pan de notre patrimoine disparaîtra alors comme peau de chagrin. Je souhaite ardemment que nous obtenions le tracel en retour ! Lors d’un coup de circuit, du Stade municipal, ce serait dantesque !Pour en apprendre plus sur l’histoire de la place Jacques-Cartier et sa statue, il est possible de lire le billet de l’historien Gaston Deschênes sur le blogue des Éditions du Septentrion. Aussi, je vous invite sur le blogue Saint-Roch une histoire populaire, piloté par François G. Couillard, afin d’en apprendre davantage sur le patrimoine de notre quartier. Une trilogie bien ficelée sur la place Jaques-Cartier et ses luttes populaires est aussi disponible sur Subvercité.org.Pour se doter d’une politique patrimoniale, le Mouvement national des Québécoises et des Québécois lance les États Généraux sur les commémorations. Ils auront lieu du 6 au 8 octobre 2016, au Gesù à Montréal. Voici le visuel de l’événement : le fait que Jacques Cartier soit le personnage visé sur cette campagne est un drôle de hasard…
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