Le Centre multiethnique de Québec lance sa campagne de financement

Le Centre multiethnique de Québec lance sa campagne de financement | 11 novembre 2016 | Article par Jean Cazes

Goran Dori et Hoang Nguyen en compagnie de Kathleen Well, ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, et de François Blais, ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale. 9 novembre 2016.

Crédit photo: Jean Cazes

Le Centre multiethnique de Québec (CMQ) et les Habitations du Centre multiethnique de Québec (HCMQ) ont lancé mercredi leur première campagne majeure de financement, dont l’objectif est d’amasser 750 000 $.

Présenté dans le cadre de la Semaine québécoise des rencontres interculturelles, l’événement s’est tenu aux Habitations en présence d’une soixantaine d’invités dont la ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion Kathleen Well et le ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale François Blais.

Témoins des guerres

Coprésidente d’honneur avec Diane Lavallée, Corinne Bégueri a expliqué le processus d’intégration des immigrés et réfugiés, de l’aéroport jusqu’au CMQ-HCMQ, avant de céder la parole aux deux conférenciers venus témoigner de leur expérience de vie et de leur réussite.

Goran Doric mène sa carrière en communication et en marketing à La Capitale, assurances et services financiers. Il est très impliqué au sein de la communauté, entre autres dans l’organisation d’événements sportifs. Né en Bosnie-Herzégovine en 1984, Goran a fui la guerre pour émigrer en 1992. Il a fait mercredi une touchante lecture de son texte rédigé en hommage à son père…

Sarajevo, 1992. J’ai 7 ans. La ville est assiégée. Les bombardements s’intensifient de jour en jour. […] C’est le début d’une guerre qui changera notre vie à jamais. […] Mon père est journaliste. Il s’oppose avec vigueur à la violence dans ses articles. Malgré les bombardements, il croit toujours à un cessez-le-feu, jusqu’au jour où il reçoit un appel anonyme à la maison. À l’autre bout du fil, une voix lui dit : “Nous savons que tu as un fils”. […] À partir de ce moment-là, il faut mettre la famille hors de danger, même si cela signifie quitter son pays pour recommencer une nouvelle vie ailleurs. […]De Sarajevo à Québec en passant par Zagreb, Vienne et Montréal, nous voilà chez mon oncle à l’Ancienne-Lorette par un beau jour de printemps. C’est le début de notre nouvelle vie. Mon père reste 12 mois de plus à Sarajevo. Il vit la guerre, la vraie, sans eau ni électricité. Pendant ce temps, il continue à faire des reportages pour le journal, souvent au périple de sa vie. […] Le 14 mars 1994, c’est le grand jour, il est enfin parmi nous. Il rencontre pour la première fois sa fille née au Québec. »

Dans le contexte – « et il y en a de biens pires », a souligné Goran – l’accueil et l’intégration dans un nouveau pays ont un impact majeur.

On a eu la chance d’avoir de la famille ici pour nous accueillir, mais le CMQ offre heureusement des services pour les immigrants qui n’en ont pas », a-t-il ajouté.

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Il n’a pas manqué de souligner « l’importance du français » qui l’a mené à sa formation en journalisme.

Crédit photo: Jean Cazes

Pour sa part, la styliste et couturière Hoang Nguyen a fondé à Québec sa propre entreprise, Autrefois Saigon. Native du Vietnam, elle baigne dans un monde de matières textiles aux couleurs chatoyantes. Diplômée en design de mode en 1988, Hoang a contribué au métissage entre occident et orient en s’illustrant dans le milieu de la mode québécoise.

Ça fait 35 ans que je suis au Québec, et ça me fait toujours plaisir de rencontrer des gens aussi chaleureux que vous. […] J’ai vécu la guerre pendant des années. Le 30 avril 1975, la guerre s’est terminée, mais les communistes ont dirigé le pays. […] Je suis partie avec mes soeurs en 1981. On était des réfugiées boat people, et on a été recueillies par une famille de Lévis. […] La première année, ce n’était pas facile, on ne parlait pas du tout français, on se débrouillait par des gestes. […] Trois mois après, on commençait à comprendre le français puis j’ai fait mes études secondaires. […]Je réalise que j’ai été très chanceuse qu’une famille québécoise se soit occupée de nous en nous donnant le goût d’apprendre et de réussir, une famille qui a fait ce que je suis devenue maintenant. […] Je pratique un métier où je côtoie des gens si gentils qui apprécient mon travail. Les Québécois sont comme les Vietnamiens, et je veux donner au suivant. […] Je sais que votre projet est tellement important, surtout pour des gens qui sont seuls dans la vie. Donnez, et moi aussi je vais vous aider.  »

Objectif sur cinq ans

Centre multiethnique de Québec. Novembre 2016.
Crédit photo: Jean Cazes

La campagne de financement cible autant les citoyens que les entreprises. Les fonds souhaités de 750 000 $, recueillis sur une période de cinq ans, serviront principalement à meubler, équiper, aménager et entretenir les Habitations du Centre multiethnique de Québec. Le tiers des fonds sera utilisé pour faciliter l’adaptation des familles à la communauté québécoise et bonifier l’offre de service en interprétariat.

Centre multiethnique de Québec et Habitations
200, rue Dorchester
418-687-9771

À lire aussi : À la découverte du « potager sur le toit » des Habitations du Centre multiethnique.

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