Par son métier de « marchande de bonheur », Anne-Marie Cardin, alias Anne-Marionnette, relance une tradition inspirée des vieux pays d’Europe qui gagne à être connue, comme en font foi ses créations qui charment petits et grands.
À la découverte de l’univers fabuleux d’Anne-Marionnette
Par son métier de « marchande de bonheur », Anne-Marie Cardin, alias Anne-Marionnette, relance une tradition inspirée des vieux pays d’Europe qui gagne à être connue, comme en font foi ses créations qui charment petits et grands.
Nous l’avons rencontrée à son atelier-théâtre du Lieu, où elle voisine Pierre Robitaille et Zoé Laporte, de la confrérie de la dizaine de marionnettistes de la région. Anne-Marie enseigne notamment la fabrication de marionnettes et offre ses spectacles pour les fêtes de quartier, les écoles, les garderies et le milieu corporatif.
Un héritage familial à valoriser
« Ma passion, je la dois à mon grand-père du côté maternel, Miloš Novak, décédé il y a 32 ans », raconte la marionnettiste native de Québec. Celle-ci a vu d’autres horizons dans son enfance : son père, capitaine de corvettes à l’Armée canadienne, était souvent appelé à déménager.
Petite, en allant visiter ma grand-mère, je passais des heures à jouer avec les marionnettes et le castelet [kiosque où se joue le théâtre de marionnettes] de mon grand-père rapportés de sa République tchèque. Il adorait amuser ses enfants avec des spectacles de marionnettes conçues de ses mains. Puis j’en ai moi-même fabriquées. À l’école, puis en travaillant dans des camps de vacances, j’ai aussi monté des spectacles. […] »
Déterminée à réaliser son rêve de carrière, Anne-Marie termine à l’UQAM un baccalauréat en sciences avec certificat en animation culturelle qu’elle enrichit d’un cours du DESS en théâtre de marionnettes contemporain.
J’ai fabriqué ma première marionnette « professionnelle », un genre d’elfe. Puis je suis partie à la découverte de trésors dans des bazars comme des marionnettes à gaines, à fils ou à tiges provenant de divers pays. […] »
De retour à Québec en 2010, l’artiste offre pour la première fois au grand public, en 2013, un spectacle bénévole qui sera déterminant pour la suite.
J’ai construit un castelet et écrit le scénario de La montagne du grand sage, présenté à Sainte-Foy. Des enfants ont commenté après : “Wow ! Est-ce que c’est une légende ?” “Vous m’avez transportée dans mon enfance !”, m’a aussi confié une dame. On m’a approchée pour organiser des fêtes d’enfants. […] Ça m’a motivée pour écrire un autre spectacle, d’Halloween pour adultes, puis La dinde est malade. »
Enchaînant d’autres œuvres de son cru, Anne-Marie quitte l’année suivante Accès-Loisir Québec – son sideline prenant le dessus sur son emploi, explique-t-elle – pour fonder Anne-Marionnette. « J’ai bénéficié des bourses de Jeunes volontaires et de Projets émergents du Centre Jacques-Cartier qui m’ont aidée énormément à développer mon projet en 2014-2015 », dit-elle reconnaissante.
En novembre 2015, la marionnettiste installe son atelier-théâtre au cœur de Saint-Roch. Anne-Marie précise que dès le départ, elle a pu compter sur de fidèles collaborateurs, le principal étant Danick « Duc » Lizotte, son conseiller qui l’accompagne comme musicien et animateur. « Maniaque de cinéma, auteur de contes d’enfants, il a une approche plus théorique de la marionnette », souligne-t-elle avec admiration.
Un objet qui « accroche »
À grand renfort d’exemples s’appuyant sur ses récents spectacles dont La Reine des marées, présenté au Festival de marionnettes de Québec, Anne-Marie explique sa vision de ce type de théâtre et la fabrication de marionnettes, avec le ferme désir de rendre cet art accessible à tous.
L’univers de la marionnette prend vie avec le castelet. […] Mes spectacles interactifs « contes pour tous » incorporent une part de surprises, de mystère. […] Je fais de l’humour car ça accroche, et je joue beaucoup avec la surprise, l’aventure, le surréalisme, l’amour. […] Il y a une intention éducative : dans la Reine des marées, on parle de respect de la nature, de voyages et de culture. […] J’écris aussi des spectacles ciblés, comme La basse-cour d’école portant sur l’intimidation, avec des situations qui captivent les enfants. Le mot “Intimidation” n’est jamais prononcé, même si des élèves le nomment parfois à la fin. Après le spectacle, les enfants touchent les marionnettes, et ça continue. »
D’un grand pouvoir attractif, les marionnettes d’Anne-Marie sont pourtant d’une simplicité déconcertante à concevoir pour la plupart, ce qu’elle démontre dans son atelier de fabrication.
Je leur donne vie avec les éléments de récupération qui me tombent sous la main : boîtes de conserve, bouts de tissus, bouchons de liège, carton. […] En deux heures, on peut fabriquer un jouet qu’on peut apporter à la maison pour délaisser l’écran. »
Perpétuer la tradition
Anne-Marie croit au retour de la marionnette au Québec, soulignant au passage que « des membres des Premières Nations en utilisaient, à fils, autour du chaman », coutume qui s’est perdue dans la nuit des temps.
La marionnette est indémodable. Dans les partys, comme ceux qui sortent leur guitare autour du feu, moi je sors ma marionnette qui est prétexte à toutes sortes de discussions. […] Il faut redécouvrir cet art, aussi naturel que de manipuler un toutou quand on est enfant. »
À la veille d’un spectacle d’Halloween, elle précise que l’événement sera en quelque sorte une pré-inauguration de son théâtre. La date d’inauguration officielle de celui-ci, qui sera fixée avant Noël, coïncidera avec la présentation de La Dinde est malade, « qui tourne autour d’une dinde sacrifiée pour un repas familial ».
D’ici là, Anne-Marie Cardin soutient qu’elle aura l’énergie de transformer son théâtre en un « château » dont la capacité d’accueil passera de 40 à 60 places. Enfin, l’artiste envisage entre autres futurs projets de vendre des marionnettes et des castelets.
Comme marionnettiste et maintenant femme d’affaires, j’ai comme mission de perpétuer la marionnette traditionnelle : mon grand-père doit m’entendre ! », rappelle-t-elle avec optimisme.
Anne Marionnette
707, rue de la Salle, porte 104C
581-997-3382
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