Une virée au Dauphin

Devanture Bar Le Dauphin

En attendant les autres, on est allés en face de l’Église de Scientologie. Pour une fois qu’on était disponibles, ils n’ont même pas tenté de nous recruter. On a fait semblant qu’on était des Scientologues, mais y’avait personne qui voulait embarquer dans nos arnaques, alors on est retournés au Dauphin pour voir si nos amis étaient là.

La grosse Anouk était arrivée depuis 5 minutes peut-être ? Était déjà en train de vider tous les paniers de party mix pis de cochonneries du 5 à 7. Je lui ai payé une Labatt 50 pour qu’à se calme un peu, les clients commençaient à la trouver lourde. Depuis qu’est revenue d’Iqaluit, est pu pareille en tout cas. On s’est pris une table proche du comptoir. Il ne se passait pas grand-chose. Boubou est arrivé, mais ce n’est pas le pivot de mon histoire, c’est juste Boubou. On s’est commandé plus de Labatt 50. C’était ça ou de la Budweiser… Au moins ce n’est pas de l’infâme Molson.Y’a un musicien qui est monté sur la scène proche du faux piano à queue. Sans une ni deux, on est allés s’asseoir  en face pour mieux le regarder. La soirée commençait plutôt bien, y connaissait tous les classiques et changeait sa voix pour l’adapter aux différents succès. En plus, y jouait du saxophone comme un malade.richard2Y’a débuté son spectacle par des chansons bizarres de Phil Collins. C’était assez enlevant, mais le monde n’arrêtait pas de l’achaler pour des demandes spéciales. Y’a averti son public qu’y ferait pas juste des demandes spéciales parce que c’était plate pour lui. Entraîné par l’alcool et parce qu’on n’écoute jamais les consignes, on lui a crié : « Life is Life ! ». On a eu droit à un regard récalcitrant et un silence malaisant.On tapait des mains. Dans mes souvenirs, on était un public pas mal encourageant. Un moment donné, la grosse Anouk pis moi, on s’est mis à taper sur les tables, on s’est fait avertir. Quand Richard, le chanteur, a entamé « Poker Face », mes jambes sont parties toutes seules. Sans une ni deux, j’étais sur la piste de danse. Peut-être que je dansais tout croche ? Anouk lançait du pop-corn partout pis à riait la bouche pleine.J’étais tout seul à danser jusqu’à ce qu’un gars bizarre me rejoigne. Avec sa tuque, y’essayait de me prouver quelque chose. Il la faisait passer en dessous de ses jambes en dansant. Des fois, pour ajouter à l’injure, y mettait un pied sur le faux piano-bar pis y passait sa tuque en dessous de sa jambe encore. Tout à coup, y décrivait des cercles d’un bord et de l’autre en marchant rapidement comme un pingouin agité. Il s’est approché pour nous conter une blague. On n’entendait pas trop ce qu’y nous disait et on l’a fait répéter quelques fois avant de comprendre. Y’a dit : « Moi, mon nom de famille, c’est Tituer, mon prénom c’est Maurice. Maurice Tituer ? Beeeeurrrrkkkk. Ta pognes-tu ? ». On a ri parce que c’est franchement ridicule.À un moment donné, on commençait toutes à se sentir un peu incommodés. Richard a arrêté de chanter. On avait comme une sensation de gorge un peu sèche… C’est Boubou qui avait mis la poivrière dans le micro-ondes ! Sacré Boubou ! On l’a pas dit au barman, y nous aurait sûrement mis dehors…RichardC’est là qu’Anouk a vu Micheline au bar. À m’a dit qu’à serait parfaite pour moi, mais y’avait déjà un gars avec elle. Y’avait les cheveux par en arrière, bleachés comme dans les années 1990. Y’est venu danser avec elle sur la piste de danse, mais Micheline était pas trop capable de suivre. Le gars m’a adressé une plainte la concernant : « À l’arrête pas d’me pousser ! ». Y s’est tanné pis y’est retourné au bar.Moi j’en ai tout de suite profité. C’est vrai que ses mouvements manquaient de coordination un peu.  J’y aurais bien avoué mon amour drette là, mais était pu capable de parler. Quand j’essayais de la faire tourner, c’était trop difficile, à manqué se planter dans le faux piano.Je suis retourné à table pour reprendre mon souffle, c’est là qu’Anouk a eu une brillante idée. À m’a dit d’écrire un poème à Micheline. On s’est mis à gang, pis on lui a écrit un beau poème. Je lui ai donné, mais est partie en taxi après l’avoir mis dans sa sacoche. Le serveur la trouvait trop faite.  À venait s’asseoir à notre table, maudit…poemeÇa commençait à manquer un peu de pop-corn quand « Life is Life » est partie. Richard nous avait pas oubliés. On s’est mis à danser. La grosse Anouk avait pu un morceau de chips sur son chandail tellement à bougeait. On a dansé toute la soirée avec du monde bizarre. Le gars de la tuque est même revenu pour rivaliser de prouesses encore. Boubou essayait de faire comme lui, mais a failli se fendre la tête sur une machine à sous.Le musicien sur le stage, y torche pas mal. Son nom, c’est Richard. Y’est booké jusqu’en 2016 qu’y dit, j’ai pas de misère à le croire. À un moment donné, y s’est ramassé dans TV, je ne sais pas trop comment ? En tout cas… C’est l’fun, le Dauphin!tv

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