Un peu moins de deux heures à vivre…

Vivian Bearing est atteinte d’un cancer des ovaires. Sa vie achève. Plus que quelques heures. C’est entourée de médecins et d’infirmières qu’elle vivra avec nous, public, ses derniers moments de vie.C’est à un rendez-vous dans l’intimité de cette professeure de littérature émérite que nous convie le Théâtre de la Bordée. En coproduction avec le Théâtre Niveau Parking, l’institution de la rue Saint-Joseph présente la pièce W;t de l’auteure américaine Margaret Edson.Le décor est épuré, déshumanisé. Toute la place est laissée à Vivian Bearing (Lorraine Côté), cette grande intellectuelle, spécialiste de la poésie métaphysique de l’Anglais John Donne. Alors qu’elle se sait atteinte d’un cancer de stade 4, elle accepte de se soumettre à un traitement expérimental très puissant. Huit mois de traitement agressif pendant lesquels elle devra troquer la salle de cours universitaire pour la chambre d’hôpital où se succèdent médecins, résidents et infirmières qui semblent se soucier davantage des données qu’ils récoltent chaque jour que de la patiente en soi.Au centre de toute cette chorégraphie médicale mécanique rodée au quart de tour, le public se fait complice de Vivian. La mourante s’adresse fréquemment aux spectateurs. Tantôt pour raconter ses moments en milieu hospitalier inhospitalier, tantôt pour réciter un extrait d’un poème de John Donne qu’elle a tant étudié. Vivian apprivoise sous nos yeux sa mort annoncée et inévitable tout en se rappelant sa vie d’avant la maladie.Le sujet est lourd. Mais l’ironie dont fait preuve Vivian dédramatise la situation. À certains moments, le public rit. À d’autres, il est au bord des larmes.Lorraine Côté est impressionnante. Elle emplit la scène de sa présence juste et tout en nuances. Elle réussit à personnifier une Vivian complexe, forte et si faible à la fois. Un grand rôle pour une grande comédienne. W;t est présenté à la Bordée du mardi au samedi jusqu’au 28 mars.