Radical K-O, un combat dont on sort gagnant

Si elle se présente comme un « appel à la violence et aux extrêmes » et « une œuvre viscérale et intransigeante dont personne ne sortira indemne », Radical K-O, dans le cadre du Mois Multi 16, ne tient pour le spectateur ni de l’assénement brutal ni de la torture sensorielle qu’il aurait pu appréhender.Il arrive que des performances en art actuel soient physiquement difficiles à supporter pour une partie plus ou moins nombreuse du public. Que leurs images choc heurtent la sensibilité ou la conscience, que leurs effets visuels, sonores, voire vibratoires, saturent ou oppressent les sens… Sans être artistiquement inoffensif, Radical K-O n’est pas de cette lignée, et l’expérience du spectateur n’en est que meilleure.La proposition multidisciplinaire et électronique de Jocelyn Pelletier est à la base résolument théâtrale, comme son auteur-interprète qu’on a vu souvent sur les planches. L’artiste audio (ici silencieux) Érick d’Orion en entraîneur/bourreau, la comédienne Caroline Boucher-Boudreau en alliée/adversaire participent au combat du protagoniste. Occupant l’espace sur et sous le ring, les interprètes se donnent la réplique par une chorégraphie à laquelle projections, éclairages et ambiance sonore participent autant que les corps.Les tableaux vivants s’enchaînent comme des rounds, modulés par les éclairages de Jean-François Labbé, la vidéo de Justin Roy et la trame sonore composée par d’Orion. Par moments, cette dernière laisse l’avant-scène aux sons directs, comme lorsque les doigts de Pelletier font « grincer » la pellicule plastique que d’Orion vient de déployer, telles des cordes autour du ring, l’emmurant dans ce combat qu’au final, il se livre surtout à lui-même.On peut assister, et très bien survivre, à Radical K-O ce mercredi 4 février à 21 h 30 et ce jeudi 5 février à 21 h 30 au Studio d’essai. Juste avant, à 19 h 30 dans la salle Multi adjacente, Liquid Loft propose Talking Head, une performance en danse et arts multidisciplinaire qui jette un regard satirique sur nos identités virtuelles.