Saint-Roch inspire souvent les discours enflammés sur les tribunes médiatiques et dans les estrades de commentateurs. Le Saint-Roch bashing est un sport de contact virtuel fort prisé par ceux qui ne vivent pas dans le quartier et n’y viennent que rarement. Chaque fois qu’un éditorialiste d’un « vrai média » s’improvise expert en développement commercial ou social, c’est reparti pour un nouveau round.
Pour l’amour de Saint-Roch
Saint-Roch inspire souvent les discours enflammés sur les tribunes médiatiques et dans les estrades de commentateurs. Le Saint-Roch bashing est un sport de contact virtuel fort prisé par ceux qui ne vivent pas dans le quartier et n’y viennent que rarement. Chaque fois qu’un éditorialiste d’un « vrai média » s’improvise expert en développement commercial ou social, c’est reparti pour un nouveau round.
Après avoir passé ces « éditoriaux » sous silence, nous avons décidé de réagir aux propos de M. Jérôme Landry publiés dans le Journal de Québec du 11 mai. Nous, blogueurs et collaborateurs de Monsaintroch, sommes en bonne partie bénévoles. Nous écrivons (et faisons des photos, des vidéos) pour l’amour de Saint-Roch. Nous y vivons, y travaillons, tous les jours, dans une diversité que nous apprécions, respectons et voulons faire rayonner. Et nous sentons le besoin de rétablir des faits.
« Les commerces ont la vie dure dans Saint-Roch »
Les commerces, en ce moment, ont la vie dure dans tous les quartiers, en banlieue, dans les centres commerciaux, à Québec comme sur le reste du continent. À titre d’exemple, 9 magasins ont fermé leurs portes à Place Ste-Foy en début d’année. Les Parasuco aussi bien que les Target sont tombés au combat au Canada, comme plusieurs Radio Shack et JC Penney aux États-Unis. Incidemment, une collègue montréalaise de M. Landry consacrait en février dernier un article aux chaînes de magasins en difficulté, à l’instar d’autres journalistes…
Malgré tout, on retrouve à Saint-Roch comme ailleurs des commerçants qui réussissent. Presque chaque jour, on peut voir une file devant Le Bureau de Poste, évoqué sans être nommé dans l’article du Journal de Québec. On peut en voir aussi tous les midis à la Boîte à Pain, tout près.
Récemment, la directrice de la SDC nous parlait pour sa part des boutiques de meubles qui s’en tirent plutôt bien.
« Plus personne ne parle de Saint-Roch aujourd’hui »
Nul besoin de chercher bien loin pour repérer Saint-Roch dans les suggestions de voyages du New York Times pour 2015, dans un article du Boston Globe, daté de mai 2014 – et la liste pourrait s’allonger. Le 31 mars dernier, le Journal de Québec lui-même s’intéressait à l’arrivée d’un nouveau studio de jeu vidéo dans le quartier, puis à Libérez la bouffe dans un article du 20 avril…
On parle de Saint-Roch chaque semaine, presque tous les jours, sur Monsaintroch, dans nos propres textes et dans ceux que nous relayons des différents journaux. On en parle sous toutes ses facettes : économiques, sociales, culturelles… On en parle, et pas seulement quand un fait divers impliquant des personnes en détresse est susceptible de « vendre de la copie ».
« Saint-Roch est en train de replonger dans la misère »
Monsieur Landry en vient-il à cette conclusion simplement en observant les gens dans la rue, le temps d’un souper, ou a-t-il des chiffres à l’appui? Ce n’est pas parce qu’une personne n’est pas vêtue comme la majorité qu’elle doit être réduite à une cause ou un symptôme de la misère d’un quartier. La santé d’un quartier ne se mesure pas non plus à la fermeture d’une boutique haut-de-gamme boudée par les citoyens les plus fortunés.
Avant d’en venir à brandir le spectre de « Plywood City », rappelons-nous que le phénomène (déclin de la population, bâtiments abandonnés placardés) découlait davantage de décisions urbanistiques sans suites et d’expropriations que de la présence de personnes marginalisées. Et rappelons-nous aussi de ceux qui ont été les premiers à embellir ce Plywood…
« Québec a encore et aura toujours un côté sombre et misérable »
Comme toutes les villes du monde? Oui, sans doute. À Québec, à Montréal, à New York, à Paris, à Berlin, on peut voir coexister la richesse et la pauvreté. On peut croiser au détour des rues les figures de la réussite sociale et celles de la marginalité.
Nous croyons que cette diversité présente dans tous les milieux urbains contribue à leur richesse, leur donne de la couleur et les anime.
Nous croyons que les quartiers centraux de Québec sont des milieux humains exceptionnels où vivre et élever une famille. Nous croyons que nous avons tous individuellement un pouvoir sur la qualité de vie collective, que ce soit en entretenant notre bout de trottoir, en soignant un petit coin de verdure, en tendant la main à quelqu’un qui en a besoin…
Nous croyons qu’un quartier prospère, en santé, est un quartier où l’on vise un équilibre entre la qualité de vie et le développement économique.
Il y a certainement dans Saint-Roch, comme dans bien d’autres endroits, des besoins souvent plus grands que les ressources en place. Nous n’ignorons pas les défis auxquels font face les organismes pour répondre à ces besoins. Nous n’ignorons pas la présence ni la réalité des personnes itinérantes, consommatrices de drogue, aux prises avec des problématiques de santé mentale et de pauvreté.
Mais nous refusons de les pointer du doigt.
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