L’histoire de famille de mon amie Anne-France Monier gravite autour des magasins Pollack et Syndicat de Québec. Elle possède toute une collection de photos léguée par son père George Monier, dont plusieurs des superbes vitrines du Syndicat de Québec.
La famille Monier-Perrault, autour de deux grands magasins de Saint-Roch (3)
L’histoire de famille de mon amie Anne-France Monier gravite autour des magasins Pollack et Syndicat de Québec. Elle possède toute une collection de photos léguée par son père George Monier, dont plusieurs des superbes vitrines du Syndicat de Québec.
Anne-France Monier
C’est lors de ses études à l’école normale Marguerite d’Youville – « Je n’étais pas pour aller à l’école anormale ! » – que madame Monier débute son travail au Syndicat de Québec. De 18 à 21 ans, elle remplace les vendeuses pendant l’été aux rayons des cosmétiques. En général, elles sont contentes du travail d’Anne-France dans leur rayon et lui offrent des échantillons gratuits pour la remercier. Elle s’habitue d’ailleurs rapidement aux grands parfums.
Plus tard, lorsque j’ai commencé à les acheter par moi-même, c’est là que j’ai réalisé la chance que j’ai eue. Ce n’est pas avec mon salaire de prof d’école à 100 $ par semaine que je pouvais me payer ça. En 1970, on a reçu une commande de 110 $ pour des produits Lancôme. Je ne sais pas si tu réalises c’était quoi 110 $ dans ce temps-là ? C’était de l’argent ! »
Le Syndicat s’étend sur sept étages et on y entre par des portes tournantes par boulevard Charest, la rue Saint-Joseph ou la rue de la Couronne. On y vend de tout, même des meubles. Il y a des vitrines au pourtour, pour que les gens puissent y découvrir les nouveaux arrivages.
Il faut tenter d’imaginer en ce temps-là, l’alignement des vitrines sur la rue Saint-Joseph, qui devaient être absolument spectaculaire. D’ailleurs, notre bon ami l’historien Jean Provencher en parlait récemment sur son blogue les Quatre Saisons, dans un billet consacré à un concours de vitrines.
« J’étais fière de travailler pour le Syndicat. Dans ce temps là, tout le monde se vouvoyait et s’appelait mademoiselle ou monsieur. », ajoute Anne-France Monier.
Pour tenter de concurrencer l’apparition des centres commerciaux, le Syndicat de Québec ouvre une succursale à Place Laurier. Georges Monier est en charge de la filiale, qui connaît du succès.
Malheureusement, on décide d’ouvrir une autre succursale à Place-Fleur-de-Lys, ce qui est fatal pour le Syndicat. Il y a bien la fusion avec les magasins Paquet pour essayer de sauver les meubles, mais il est trop tard, les centres commerciaux ont divisé les pôles d’attraction. À la fin des années soixante-dix, c’est la fermeture définitive du Syndicat. Avec la disparition des grands magasins, c’est toute une époque qui s’éteint, et aussi ses vitrines…
Lorsqu’on regarde le faste des décorations d’intérieur dans ces photos, et la manière dont les gens s’habillaient à l’époque, on se demande s’il n’y a pas un peu de noblesse qui est disparue avec ces magasins. Il est très rare de nos jours que nous allions travailler en cravate par exemple. Je parle pour moi…
Adrien Drolet, le chef décorateur des vitrines au Syndicat de Québec, a étudié à l’École des beaux-arts. Une rue a été renommée à son nom dans le quartier Sainte-Geneviève de Sainte-Foy lors de la fusion de la ville de Québec.
À l’exception de celles dont la légende cite une autre source, les photos de cet article proviennent des archives personnelles d’Anne-France Monier. Avec sa permission, elles ont été recapturées, recadrées ou autrement modifiées par Dominic Champagne. Merci aux photographes du Syndicat de Québec, dont Alarie, Marc Hardy et Paul Christin.
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