Que jaillisse la lumière
La saison 14-15 du Théâtre de la Bordée promet. Une programmation diversifiée et audacieuse. Un beau cadeau que Jacques Leblanc nous offre pour sa 10e année en tant que directeur artistique.Il nous attendait sur scène, avec la plupart des artistes impliqués dans les prochaines productions. Lampes, loupiotes, chandelles et projecteurs se sont lentement allumés. De la noirceur à la clarté. De faibles lueurs. Des flammes chancelantes. Le ton était donné. Tout était mis en place pour lancer la programmation de la saison prochaine qui s’articulera autour du thème de Lumière(s). D’entrée de jeu, le Théâtre de la Bordée propose Les fées ont soif, la pièce de Denise Boucher qui avait jadis soulevé la controverse en 1978 alors qu’elle allait être présentée au TNM, à Montréal. Plusieurs groupes religieux s’étaient invités dans le débat, manifestant même devant le théâtre. La tension était telle que le Conseil des arts de la région de Montréal avait annulé sa subvention au TNM après lecture de la pièce. Il faut savoir que Les fées ont soif met en scène la Vierge Marie, une mère et une prostituée. Trois femmes qui dénoncent le rôle duquel elles se sentent prisonnières. Une pièce féministe et dénonciatrice qui sera interprétée par des actrices d’expérience : Lorraine Côté, Marie-Ginette Guay et Lise Castonguay. « Un spectacle qui va fesser », selon Leblanc. Pour le metteur en scène Alexandre Fecteau, il y a de la pression. « Ça a été un événement historique et social important. Le but de remonter une telle pièce, c’est de faire le point sur la situation des femmes. Comment a-t-elle changé en 35 ans ? Où en sont les archétypes féminins? » La Bordée poursuit avec la présentation de l’œuvre majeure de Tolstoï, Guerre et paix. Nous aurons droit à une pièce étonnante assurément, puisqu’elle sera racontée par l’incroyable Loup bleu, marionnette et directeur artistique du Théâtre du Sous-marin jaune. Louis-Dominique Lavigne, qui signe le texte de la pièce (avec Loup bleu !), parle de Guerre et paix comme étant le plus grand roman qu’il ait lu de sa vie. « Ça m’a jeté à terre. C’est une des plus grandes œuvres pacifistes malgré le fait qu’elle parle des guerres napoléoniennes en Russie. » Début 2015, nous aurons droit à la pièce comique de la saison : Les fourberies de Scapin. Jacques Leblanc signera la mise en scène de ce classique de Molière. Fait cocasse : Leblanc a lui-même joué Scapin il y a 25 ans, costume vintage à l’appui. Un retour aux sources donc pour le directeur de la Bordée. Cette fois cependant, il se limitera à la mise en scène et laissera plutôt Christian Michaud interpréter le personnage central. On continue avec la pièce W;T (prononcer Wit) de l’Américaine Margaret Edson. Salué par la critique dès sa création, W;T a permis à l’auteure de remporter le Prix Pulitzer en 1999. Synopsis : une intellectuelle de haut vol spécialiste mondiale de l’œuvre du poète John Donne reçoit le diagnostic d’un cancer des ovaires. Le public est témoin des dernières heures de vie de cette professeure de littérature. Un récit qui s’annonce bouleversant. « C’est une très belle pièce, un grand rôle pour une comédienne : Lorraine Côté », affirme Michel Nadeau, metteur en scène.On termine la saison avec une pièce qui s’annonce hot hot hot : La chatte sur un toit brûlant de Tennessee Williams. C’est la première fois qu’une pièce de l’auteur américain est montée à La Bordée. Le metteur en scène Maxime Robin promet une pièce sexy. « Je veux qu’il fasse chaud et qu’il y ait très peu de vêtements sur scène. J’aimerais qu’on rit et qu’on pleure dans la salle. » C’est dans un an, mais j’ai déjà hâte. En plus de ses 5 productions, le théâtre de la rue Saint-Joseph accueillera deux autres pièces. Midsummer, de David Greig, nous permettra de voir à l’œuvre sur les planches le duo Isabelle Blais et Pierre-Luc Brillant dans une histoire rocambolesque et musicale. L’actrice française Catherine Frot, accompagnée de Jean-Claude Durand, débarquera aussi à La Bordée le temps de trois représentations pour présenter la pièce de Samuel Beckett Oh les beaux jours.Une nouveauté cette saison : La Bordée présentera une revue de l’année en décembre, Beu-bye 14. Lucien Ratio signera la mise en scène de ce spectacle sociothéâtral et s’inspirera des pièces de théâtre présentées tout au long de l’année dans les cinq théâtres de la ville pour bâtir des sketchs variés. Autre nouveauté très intéressante et qui attise ma curiosité : Les impromptus de la Bordée. Des événements spontanés et ponctuels auront lieu quelque part dans le Théâtre. Danse, poésie, musique. On peut s’attendre à tout. On veut célébrer l’art sous toutes ses formes. Ces impromptus ne seront annoncés que 24 h à l’avance sur les réseaux sociaux, entre autres. Une bonne raison de cliquer J’aime sur la page Facebook de la Bordée si ce n’est déjà fait!
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