Composer avec soi
Saint-Roch a le privilège de recevoir ce lundi 14 avril un conférencier au parcours créatif peu commun : Antoine Ouellette, compositeur, auteur, musicologue, enseignant, surdoué, titulaire d’un doctorat en étude et pratique des arts, d’un baccalauréat en sciences biologiques et… d’un diagnostic d’autiste Asperger.« C’est rare qu’on parle d’autisme à travers la créativité », lance-t-il en entrevue. Si des spécialistes et chercheurs comme le Dr Laurent Mottron parlent d’une « autre intelligence », il y a encore beaucoup de préjugés à abattre pour la voir simplement comme une différence. Jusqu’en 2013, on remettait même en cause l’imaginaire des autistes. Intérêts restreints et obsessionnels, socialisation et communication difficiles, troubles cognitifs et sensoriels, manque d’empathie et d’expressivité… Ce portrait-robot, dessiné d’une perspective extérieure, ne révèle ni la diversité des individus, ni l’intensité de leurs perceptions, ni les atouts liés à leur façon d’envisager les choses et le monde.Ses traits distinctifs, Antoine Ouellette souhaite montrer comment il s’en sert pour composer de la musique, d’une idée jusqu’à la pièce finale, partant de « 4 ou 5 notes, qui s’épanouissent en boucles… Mais ce ne sera pas trop technique, assure-t-il. Mes conférences s’adressent aussi aux non-musiciens ! » Son auditoire peut donc s’attendre à découvrir l’autisme et la création musicale sous un jour différent, avec une touche d’humour, tels que vécus de l’intérieur par le conférencier au quotidien.Antoine Ouellette est l’auteur d’un blogue où l’on retrouve notamment ses compositions et partitions. Il a écrit Musique autiste. Vivre et composer avec le syndrome d’Asperger paru chez Triptyque en 2011. Cet essai à la fois autobiographique et solidement documenté prend comme point de départ le moment où, la quarantaine bien sonnée, il apprend qu’il est « fou », écrit-il. La nouvelle aurait pu être lourde à porter, dévastatrice : les idées préconçues sur les troubles du spectre de l’autisme (TSA) existent même chez ceux qui en ont un sans le savoir… Mais pour lui, bien plus qu’un diagnostic médical, la nouvelle lui a donné « un outil de connaissance de soi, de compréhension du monde ». Un instrument de plus pour faire face à la musique humaine.Présentée par la Société québécoise de recherche en musique dans le cadre du Mois de l’autisme, la conférence d’Antoine Ouellette Existe-t-il une musique autiste? est offerte gratuitement ce lundi 14 avril à 19 h à la salle Gérard-Martin de la bibliothèque Gabrielle-Roy.
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