Les voies discordantes

Source : Le Soleil, Mylène Moisan, 27 décembre 2013 (…) J’ai écrit deux fois sur les transports cette année. La première, c’est quand j’ai fait le test, pendant une semaine, de me passer de mon auto. La seconde, c’est quand Étienne Gourde s’est fait frapper à mort par une voiture et que le conducteur, ou la conductrice, a pris la poudre d’escampette.Des lecteurs ont réagi, je m’y attendais. À Québec, la question des transports soulève les passions, le collègue François Bourque a d’ailleurs fait de «vous dans le trafic» la personnalité de l’année. Je dirais «nous». J’utilise deux moyens de transport, mes jambes et mon auto, à la limite du dédoublement de personnalité. (…)J’ai aussi eu un lot de réactions à cette semaine de septembre passée sans voiture, après laquelle j’arrivais à cette conclusion toute personnelle que ma vie était pas mal plus simple avec une auto, que prendre l’autobus demandait du temps et de l’organisation. J’ai écrit la phrase qui tue : «Il faut l’aimer en maudit, la planète, pour se passer d’une auto, surtout quand on a les moyens de s’en payer une.»Déluge de courriels. Madame, on ne fait pas juste ça pour la planète, on le fait parce qu’on aime ça, pour économiser aussi. C’est possible de se passer d’une automobile, c’est même agréable, on marche plus, on prend l’air, on fait du vélo, on lit des romans dans l’autobus au lieu de sacrer dans le trafic. (…)Je suis de ceux qui croient que multiplier les voies réservées ne fera que repousser le problème. Et la solution. Pour reprendre l’expression du maire Labeaume, pour que les gens rêvent de prendre l’autobus, il ne faut pas nécessairement que l’auto devienne un cauchemar. Je laisse les derniers mots à cet automobiliste, qui a fait le choix de l’autobus pour aller travailler en ville.

En autobus, nous sommes égaux. Il n’y a pas de couches sociales marquées du symbole de BMW ou Mercedes et nous allons dans la même direction, à la même vitesse, sur des distances différentes. J’aime ma voiture. Mais je commence à comprendre à quel point elle m’a éloigné de ma destination.» (…)

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