Le Saint-Roch d’Isabella Lucy Bird

Le quartier Saint-Roch et la rivière Saint-Charles vers 1901 par Fred C. Würtele. Source : Bibliothèque et archives nationales du Québec, bureau d’archives de Québec, Fond Fred C.Würtele, P546, D1,P38
Parmi les étrangers qui ont traversé l’histoire de Saint-Roch se trouve la fascinante Isabella Lucy Bird Bishop (1831-1904), une exploratrice et auteure de l’époque victorienne. Jeune adulte, cette Anglaise à la santé chancelante est déclarée invalide. Ses médecins lui recommandant de voyager, son père lui verse assez d’argent pour séjourner une année en Amérique.En 1854, Isabella Lucy Bird  parcourt les États-Unis et atteint le but ultime de son voyage, Québec, dont elle a entendu parler en lisant Hochelaga de Eliot Warburton. Elle écrit à sa sœur Henrietta des lettres qui seront adaptées et publiées en 1856 sous le titre de The Englishwoman in America. Cinq pages de cet ouvrage (p. 265 à 269) sont consacrées à Saint-Roch, où elle débarque un dimanche après-midi, après la messe. Elle y découvre une Basse-Ville dont on ne parle pas dans l’aristocratique faubourg Saint-Louis où elle a côtoyé l’élite.Selon sa description, Saint-Roch serait à l’époque un lieu où « le vice, le crime, la pauvreté et la misère s’entremêlent de la même façon que les plaisirs et la politique en Haute-Ville (…) où la fièvre décime les habitants par dizaines et le choléra, par centaines. »1 Ces habitants seraient laids, difformes et l’air, empoisonné.Madame Bird précise toutefois que ce n’est pas sa première expérience du genre, ayant constaté la même chose dans son Angleterre natale. Ce qui l’étonne, c’est de la retrouver au Nouveau Monde, et que le « mal » s’y soit autant développé en deux siècles. Fait amusant, une de ses doléances rejoint celle de Saint-Rochois d’aujourd’hui, puisqu’elle déplore l’étroitesse des rues et la circulation difficile…On dit qu’Isabella Lucy Bird avait une réelle antipathie pour les catholiques romains et une méfiance à l’égard du fait français. Elle était réputée pour la justesse de ses descriptions de l’élite et des mondanités anglaises.2Certains de mes billets ont attiré l’attention sur des oubliés de l’histoire de Saint-Roch, qu’il s’agisse d’(im)populaires citoyens ou de John Munn. Je n’aurais pas connu ce dernier sans José Doré, un résident de la banlieue qui mériterait bien le titre de Saint-Rochois adoptif. M. Doré m’a fourni le sujet du présent billet.1 Traduit librement de Isabella Lucy Bird, The Englishwoman in America.2 Isabella Lucy Bird sur Archives Canada, Isabella Lucy Bird sur le site Geocities de Melagirard

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