Espace vert et blancs de mémoire
Attablé sur la terrasse ensoleillée de la Barberie où on lance la bière lime-framboise en 2010, José Doré, consultant en histoire et patrimoine, a une révélation. À quelques mètres de là, on lançait en 1847 le bateau vapeur de John Munn…Constructeur naval d’origine écossaise né en 1788 et mort en 1859, John Munn a fortement influencé le développement du quartier Saint-Roch à son époque. Or, parmi nos souvenirs collectifs de faubourg manufacturier, l’homme et son chantier semblaient tombés dans l’oubli… Un peu comme l’espace vert triangulaire entre les rues Saint-Dominique, de la Reine et Prince-Édouard.C’était avant qu’un comité bénévole ne se mobilise pour la mise en valeur du parc. Outre monsieur Doré, le directeur général de la SDC Centre-Ville Stéphan Sabourin, le directeur de la Barberie Pascal Bussières et des citoyens du voisinage composent ce comité appuyé par le Conseil de quartier Saint-Roch et la Table de quartier L’EnGrEnAgE.En mai 2011, lors d’un Café urbain, résidents et commerçants ont été invités à imaginer « leur » parc John-Munn. José Doré y a offert une conférence sur l’histoire de ce secteur de Saint-Roch et du constructeur naval écossais. Des élèves de l’école des Berges avaient dessiné différents plans d’aménagement du lieu et des portraits de John Munn. La veille s’était tenue une corvée citoyenne de nettoyage du site. Dans les semaines suivantes, l’artiste Pierre Bouchard y a installé du mobilier urbain éphémère… Depuis juin 2011, le comité a multiplié les démarches et rencontres pour faire avancer son projet. La conseillère municipale Chantal Gilbert et d’autres intervenants de la Ville se sont montrés réceptifs. Il faut dire que le réaménagement du parc John-Munn figurait dans les intentions de la Ville au tournant des années 2000. Toutefois, rien ne s’est concrétisé sinon la plantation d’arbres en 2004.D’après les recherches de José Doré, le site aurait un potentiel d’attrait touristique, moyennant quelques efforts d’interprétation, des fouilles ou sondages archéologiques. Il estime que le secteur pourrait receler, par exemple, des vestiges du chantier naval, du quai, des outils, de retranchements datant de 1759, de la résidence de John Munn et de la synagogue juive qu’elle a abritée. Selon son expérience de guide-animateur, les touristes, notamment américains, y verraient un incitatif à s’aventurer dans Saint-Roch, au-delà de leur circuit traditionnel.Pour les résidents de ce secteur comptant bon nombre d’enfants, il serait agréable de pouvoir profiter de cet espace vert. Un aménagement adéquat améliorerait aussi l’accès au quartier pour les cyclistes qui empruntent le parc linéaire de la rivière Saint-Charles. La Barberie, engagée de longue date dans le quartier, a déjà installé à leur intention une buvette sur sa terrasse et un support à vélos. Son personnel a déjà joué à la pétanque dans le parc John-Munn, se désolant de le voir désert et jonché de déchets. Comme le souligne Pascal Bussières, le travail du comité offre un bel exemple de participation citoyenne, il serait dommage de le laisser s’essouffler… Peut-être 2013, prometteuse en développements urbanistiques, marquera-t-elle le lancement du parc John-Munn?La page Facebook parc John-Munn : histoire du quartier Saint-Roch documente les activités du comité, la progression du projet et les recherches de José Doré. On peut aussi consulter sur Caléo le document produit suivant le Café urbain et celui de José Doré sur l’histoire de John Munn.
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