
L'église n'est plus ce qu'elle était
Au Québec, à ce jour, 312 églises ont été vendues, transformées ou fermées. Sans compter celles qui sont totalement détruites. Et le processus s'accélère depuis les dernières années, notamment à Québec. Les quartiers voisins de Saint-Roch ont vu, d'ailleurs, plusieurs clochers disparaître dans des circonstances qui laissent parfois perplexes sur la réelle volonté ou la capacité des pouvoirs publics d'encadrer les façons de faire de certains promoteurs et de préserver le patrimoine religieux.Il faut reconnaître que l'enjeu est de taille, tant au plan financier que technique. Le défi réside surtout dans la recherche d'activités qui permettent de garder ces espaces ouverts et fréquentés et d'assurer leur entretien. Mais le défi peut être relevé comme en témoignent deux beaux exemples du quartier Saint-Roch.
Le clocher penché
Le premier de ces exemples est l'église Notre-Dame-de-Jacques-Cartier dont le clocher penché a inspiré le remarquable restaurant qui la voisine.Cette église a été totalement réaménagée en gardant pour précepte sa vocation communautaire. C'est sur le perron de l'église que l'on échangeait. Il apparaissait donc naturel d'y accueillir des organismes qui oeuvrent à conserver un lien social et des artistes désireux de s'exprimer.
Maximiser l'occupation de l'espace
Côté architecture, toutes les transformations ont été pensées pour être réversibles. La chapelle et les bas-côtés accueillent des bureaux. Les galeries latérales ont été transformées en galerie d'art. Le chœur et la nef, lorsqu'ils ne sont pas destinés au culte, sont gérés par Espace Hypérion, une entreprise de production événementielle. Autant dire que l'occupation de chaque mètre carré est maximisée, ce qui favorise la rentabilité du projet.
L'espace ouvert au public peut accueillir 300 à 400 personnes à l'occasion de concerts, d'expositions ou d'événements corporatifs. Plusieurs spectacles de jazz du FEQ s'y sont tenus dernièrement. L'ensemble choral Hypéria a élu domicile dans l'église et une série de concerts d'horizons divers s'y déroulent toute l'année.
Un phare sur Saint-Joseph
À quelques centaines de mètres de là, se dresse la plus grande église de Québec, l'Église Saint-Roch. Véritable phare du quartier, elle est aussi depuis longtemps un lieu de rencontre, notamment pour les plus démunis. Sa taille imposante lui permet de conserver son espace pour le culte et pour la visite de touristes et d'offrir dans son sous-sol des espaces pour différents organismes.
La mode, c'est sacré
Depuis un peu plus d'un an, l'église accueille une activité bien moins orthodoxe, soit un lieu de vente de vêtements de designers québécois. L'installation de Signatures Québécoises dans le sous-sol de l'église — au même niveau que la rue Saint-Joseph — est un exemple assez rare d'une activité commerciale dans un lieu de culte encore actif. L'arrivée de ce commerce a donné lieu à l'aménagement d'une nouvelle vitrine sur la rue Saint-Joseph, réduisant ainsi en partie l'effet de coupure de la trame commerciale sur ce côté de la rue.