Demain l’hiver je m’en fous
Aussi étrange que cela puisse vous paraître, j’ai été plongée, l’instant de Dévadé, dans une énorme boule de Noël. Vous savez celles qui ressemblent à des boules de cristal rempli d’un liquide translucide et de flocons de neige. Celles, sous lesquelles on trouve un « crinque » qui nous permet d’activer un mécanisme qui entamera une pièce connue.Remplacez le liquide translucide par de la vodka. Imaginez qu’une fois le crinque tourné au maximum, les protagonistes titubent une prose incisive aussi déchirante qu’une bourrasque prise en plein visage à – 20 degrés Celsius au coin de l’avenue Honoré-Mercier et de la rue Saint-Jean. Et que cette poésie a été écrite par Réjean Ducharme. Que la boule a été pensée par le metteur en scène Frédéric Dubois et que les personnages qui en sont captifs sont interprétés par les comédiens (tous méconnaissables) Hugues Frenette (Bottom), Marianne Marceau (Nicole), Véronique Côté (Jubba), Eliot Laprise (Bruno) et Sylvie Cantin (la patronne).Il y a Bottom trentenaire éthylique et sa colocataire, la patronne handicapée, il y a Jubba, abandonnée par Bruno qui lève les pattes avec une junkie et Nicole, la voisine ivrogne et sale de Jubba. Tous les cinq, enfants blessés devenus adultes, avides d’amour, ne semblent outillés que pour noyer leurs manques dans le sexe et l’alcool jusqu’à plus soif. Bien que tragique, l’irréprochable jeu des comédiens (qui sera ovationné à la fin de la pièce) arrive à nous tirer quelques rires. J’ai le sentiment qu’un Dévadé sommeille quelque part en chacun de nous et qu’après tout, il vaut mieux en rire que d’en pleurer.Ne manquez surtout pas cette adaptation du texte de Réjean Ducharme par Marianne Marceau présentée jusqu’au 12 octobre au Théâtre de la Bordée.Pour une idée de la programmation 2013-2014.
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