Citoyens migrateurs : Audrey et Arnaud

Étrangers aux divergences de vision médiatisées entre occupants permanents du quartier, Audrey Pouleau et Arnaud Sainpont sont de ceux qui viennent enrichir sa diversité et participer à sa vitalité, le temps d’une migration.La famille Pouleau-Sainpont quitte sa Bourgogne pour Québec à la fin décembre 2009. Arnaud vient y faire un postdoctorat en neuropsychologie. Lui, Audrey, leur petite Léna et bientôt bébé Louis vivent d’abord dans Saint-Jean-Baptiste puis dans le Vieux-Québec. En quête d’un logement pour leur dernière année, ils rencontrent Yves Desmarais, fondateur de Bien vivre à Saint-Roch, et deviennent ses voisins. Son enthousiasme interpelle leur désir de s’investir dans leur milieu : construction de bacs à fleurs, entretien des végétaux, plantation d’arbres, corvée de nettoyage, fête entre voisins…Pour Audrey, il en va du tissu social : « Ça crée des liens. Des gens qui ne se seraient pas parlé se saluent maintenant dans la rue. Les valeurs écologiques, la volonté de bien vivre ensemble, c’est ça qui alimente le dynamisme. » Elle et Arnaud l’ont constaté aussi en vivant à Lyon, où les gens apprenaient à cultiver des végétaux sur leurs balcons grâce à des organismes qu’elle compare à Craque-Bitume. Ils saluent par ailleurs l'appui que reçoivent les initiatives citoyennes de la part de commerces de Saint-Roch comme l'Intermarché, la Boîte à Pain...Même si, à son arrivée, on lui avait parlé de Saint-Roch comme d’un quartier peu sûr, le couple fréquentait déjà ses bonnes adresses (dont MEC et le Croquembouche...) et ses rues avant d’y emménager. Pour Audrey, sa mixité n’est pas une menace, mais une richesse : « On a d’un côté de la rue le Parvis, ceux qui le fréquentent et l’animent, et de l’autre, les terrasses avec des clients en complet et cravate. C’est très différent le jour et le soir, mais c’est vraiment sympa. Il ne faut pas ghettoïser. Des gens qui venaient nous visiter s’inquiétaient pour leur voiture, je les rassurais. Moi, je marchais souvent le soir, il n’est jamais rien arrivé. »À la veille de son départ, la famille Pouleau- Sainpont ne quitte pas qu’un lieu de passage, mais un milieu de vie, auquel elle a appartenu à part entière : « Habiter en plein centre-ville et n’avoir pas de bruit, être près de tout, côtoyer une diversité de gens… L’appartement, le quartier vont nous manquer ! », conclut Arnaud avec un brin de nostalgie.