Citoyen de second rang
Derrière tout le débat et le tapage médiatique entourant la charte des valeurs québécoises, il y a une question fondamentale, bien que rarement formulée ouvertement : quelle place est-on prêt à laisser aux immigrants dans la société québécoise ?Je n’entrerai pas dans le débat sur les signes religieux ostentatoires, mais je souhaiterais aborder le sujet sous un angle beaucoup plus local, celui des élections municipales, autre sujet d’actualité.
L’immigrant : un citoyen bien ordinaire
Chaque immigrant fait le choix, plus ou moins libre, de s’installer dans une municipalité du Québec et contribue, à sa façon, à la vie locale. Il fréquente les commerces du quartier et les centres d’achat, il paye la TPS et la TVQ sur chacun de ses achats, il travaille à l’usine, dans un ministère ou il monte son entreprise. Il paye ses impôts, utilise les transports en commun ou son auto, il souhaite profiter d’espaces publics attrayants, suit les matchs des Remparts, ne manque aucune exposition du MNBAQ, il s’implique dans un organisme communautaire ou entraîne les jeunes Québécois à jouer au soccer. Il est, en somme, un citoyen bien ordinaire, comparable au Québécois pure laine, soucieux, avant tout, d’avoir une bonne qualité de vie à un coût raisonnable et de vivre dans une municipalité où ses enfants pourront grandir en sécurité et s’épanouir autant que possible.
Vouloir améliorer sa ville
Il peut aussi aimer sa ville, en être fier, suivre ce qui s’y passe, ce qu’on en dit, la défendre lorsque nécessaire. Il peut être découragé par ceux qui l’administrent par moment, les féliciter à d’autres occasions, avoir des idées, venues d’ici ou d’ailleurs, pour améliorer son milieu de vie, au bénéfice de tous, et pas seulement d’une minorité. Ici encore, rien de bien différent par rapport à un citoyen né au Québec.
Paye et regarde
Ce qui le distingue, c’est, qu’aussi essentielles que lui paraissent ces conditions de vie ou grande soit sa volonté de s’exprimer et de s’impliquer ou poussée soit sa connaissance des enjeux de développement local, parfois, même plus appuyée que celle de concitoyens québécois, il ne peut s’exprimer par le vote qu’une fois qu’il est Canadien. Cela peut paraître anodin, mais ces démarches peuvent prendre plusieurs années. Actuellement, au minimum, cinq ans : trois ans de résidence permanente et deux ans de démarche d’obtention de citoyenneté, en moyenne. Et je ne parle ici que de ceux qui ont obtenu leur résidence permanente dès leur arrivée au Québec. Autant d’années où ces gens vivent et voient leur ville évoluer, sans avoir de prise sur elle. Ils payent les mêmes taxes municipales, le même coût pour leur passe de bus, les mêmes frais de location pour deux heures de glace ou de terrain de soccer, mais beaucoup doivent attendre longtemps avant d’avoir voix au chapitre.Dans une société où l’on souhaite favoriser l’intégration et l’implication des gens venus d’ailleurs, l’une des considérations prioritaires est de leur donner accès, dès que possible, à une des valeurs fondamentales du Québec, la démocratie. Et encore plus à celle qui influence leur quotidien.
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