Célébrer la créativité

Photo courtoisie de Patrick Dubé.
Naviguant dans le milieu artistique depuis une bonne cinquantaine d’années, Alastair MacLennan regrette la direction prise par « la mode artistique » contemporaine. À contre-courant philosophique de « l’immobilier de l’art », il veut relancer la créativité collective en ancrant l’art dans la réalité.Après un parcours classique aux Beaux Arts en Irlande et un passage par l’Amérique du nord (Chicago, Halifax, Vancouver), Alastair MacLennan a commencé à douter des codes de l’art. « Je trouvais que quelque chose ne marchait pas, mais les profs ne nous en parlaient pas. Souvent, les meilleurs n’étaient pas visibles s’ils ne correspondaient pas à l’agenda artistique », explique l’intrigant bonhomme.

Filer des métaphores

Invité par Le Lieu, centre en art actuel situé sur la rue du Pont,  Alastair MacLennan a offert une performance solo au public de Québec jeudi 14 novembre en fin d’après-midi. Il a conçu cette performance comme une série de réflexions dans lesquelles le public devra trouver ses propres réponses. Enfermé dans une cage que l’on remplissait de « trucs », comme il le dit, il n’allait en sortir que lorsqu’elle serait pleine.Sa performance marquait le lancement d’une fin de semaine studieuse pour l’artiste ainsi que pour un groupe d’une dizaine de créateurs locaux venus apprendre aux côtés du maître. « Je ne vais rien leur apprendre. Je vais essayer de les aider à développer leur créativité, leur concentration pour qu’ils puissent s’exprimer, se faire confiance et expérimenter des choses », nous a-t-il précisé. Alistair accompagnera d’ailleurs les participants à l’atelier lors d’une seconde performance qui aura lieu vendredi 22 novembre à 20 h au Lieu, centre en art actuel.

L’art dans la réalité

Avant la première performance, au moment de notre rencontre avec l’artiste, Alastair avait personnalisé l’espace de la galerie. Ses dessins étaient accrochés aux murs, des morceaux de phrases écrits sur la peinture blanche, tel que In and Out ; il avait également disposé des ballons et des fruits sur les rebords des fenêtres.À quoi rime toute cette mise en scène ? « Je veux que le public se questionne », lâche-t-il, le regard rempli de malice.

La créativité quotidienne

Attaché à l’art pour ce qu’il doit rester, c’est-à-dire un élan de créativité, Alastair MacLennan regrette l’omniprésence de l’argent dans le monde de l’art. « On devient codifiés. Il n’y a plus d’art, mais du design, de l’architecture. Tout est lié à l’argent. »Il s’est d’ailleurs tourné vers la performance il y a bien longtemps, une manière pour lui de fuir le jeu du marché de l’art. « On peut vendre la coquille, mais pas la créativité. L’artiste se retrouve toujours en bas de la pyramide », dit-il.Conscient que sa brillante carrière de professeur lui a permis de ne pas avoir à se soucier de l’argent et de laisser aller sa créativité, Alastair MacLennan reconnaît que l’argent et les lois du marché joueront toujours un rôle important dans le monde de l’art. C’est pourquoi il conseille d’appliquer les règles de l’art à notre vie quotidienne. « Ces élans de créativité, conclut-il, personne ne pourra les acheter ».

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