L’Église de scientologie, un attrait proposé aux touristes à Québec
Source : Le Soleil, Pierre-Olivier Fortin, 21 septembre 2012 L’institution religieuse controversée, dont l’édifice a été inauguré en 2010 rue Saint-Joseph, a obtenu ce titre il y a environ un an en devenant membre de l’Office du tourisme de Québec (OTQ), ce qui lui confère différents avantages comme celui d’être mis en exergue dans un circuit piétonnier proposé aux touristes pour découvrir les attraits de la ville.À l’ombre du Château Frontenac, les préposés à l’information touristique remettent aux visiteurs une brochure officielle de l’OTQ dans laquelle sont détaillés trois parcours dans les rues de Québec. L’un d’eux, nommé VivaCité, amène les explorateurs en basse ville et dans Saint-Roch. Ainsi, après avoir admiré la Grande Allée, les fortifications, la Citadelle, le Capitole, les marcheurs explorent le jardin et l’église Saint-Roch et la rue Saint-Joseph. C’est là que le guide propose d’aller découvrir l’Église de scientologie de Québec. La description des lieux y est pour le moins élogieuse.Des employés du Centre Infotouriste (qui relève du ministère du Tourisme et non de l’OTQ) sont mal à l’aise. «L’Église de scientologie est dans un bâtiment sans intérêt, mais sa rubrique essaie de nous faire croire le contraire. Je trouve aberrant de donner un livret qui promeut une secte à mes touristes», a écrit l’un d’eux au Soleil. Il ajoute qu’un de ses collègues a interpellé un directeur de l’OTQ à ce sujet, mais que sa réponse a été vague.En entrevue, le directeur des communications de l’OTQ, Éric Bilodeau, explique que si l’Église est décrite dans le parcours, «c’est uniquement pour des raisons géographiques». En fait, un membre qui porte le titre d’attrait touristique et qui se trouve sur le parcours y est automatiquement cité. C’est le cas d’Érico le musée du chocolat et de l’Église de scientologie.Mais la scientologie fait beaucoup moins l’unanimité que le chocolat et, architecturalement parlant, l’église de la rue Saint-Joseph n’a pas grand-chose à voir avec la basilique Notre-Dame-de-Québec… Alors, un attrait touristique, vraiment? «Dans un certain sens, oui», assure M. Bilodeau. Il admet tout de même que «la direction s’est posé des questions». Mais puisque la Ville de Québec a permis la rénovation des locaux, M. Bilodeau voit mal pourquoi son organisme, public, aurait dû s’opposer à l’adhésion de l’Église de scientologie. «On n’avait pas de raisons de la refuser.»Tout en précisant que le portrait de l’organisation n’est pas tout noir ou tout blanc, Mike Kropveld, directeur général d’Infosecte, admet toutefois que la scientologie est «un des mouvements les plus controversés au monde. Ceux qui prennent les décisions doivent prendre en considération l’impact qu’a le fait que ce soit dans un guide officiel.»Une église étroitement surveilléeL’Église de scientologie est reconnue comme religion au Québec et dans plusieurs pays. Mais elle est étroitement surveillée par d’autres États, comme en Allemagne. Ailleurs, les procès pour escroquerie ont fait la manchette, surtout en Europe. Est-ce que ces faits auraient dû encourager un examen plus approfondi de la demande d’adhésion à l’Office du tourisme? «Non, répond M. Bilodeau. Ce qui nous amène à des analyses de cas, c’est quand on a des plaintes de la clientèle.»[ Lire la suite ]
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