Surfer sur la grâce : skate et quête ontologique

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VIDÉO – David B. Ricard est cinéaste, mais son frère Louis, champion de slalom en planche à roulettes, a été le premier des deux à posséder une caméra. Louis côtoie au quotidien le risque, la vitesse, le dépassement de soi, mais c’est David qui y réfléchit intensément, dans la vie comme dans son documentaire Surfer sur la grâce qui sera projeté en première ce lundi 19 septembre à 21 h 30 au Festival de cinéma de la ville de Québec (FCVQ).

Le premier long métrage du cinéaste résident de Saint-Roch n’est pas un film de skate, malgré ses entrevues avec des skaters professionnels, ses scènes d’entraînement et de compétition qui plairont aux adeptes. Dans Surfer sur la grâce, la planche à roulettes tient un rôle secondaire aux côtés des frères Ricard et du questionnement intime sur leur individualité et leur lien fraternel.

Avec le flow

Comme Louis se filme pour son entraînement, David a choisi de passer devant la caméra dans son documentaire pour mieux s’observer, s’améliorer, se connaître.

Au début, je pensais que je cherchais la vérité, mais en fait, c’est moi que je cherchais… Je me demandais si j’étais un cinéaste. »

surferstill1Malgré les courts métrages et autres productions à son actif, David doute constamment, à la différence de son petit frère qui semble réussir avec assurance – et qui dans le film lui dit : « tu te poses beaucoup de questions ». Avril 2010 envoie un signe au cinéaste anxieux. David a l’habitude de filmer les prouesses de skate de Louis, dont il envie l’aisance. Un jour, en s’installant, il capte un de ces instants furtifs et intenses, presque extatiques, mais aussi imprévisibles et incontrôlables, où on est totalement centré, en phase avec soi et ce qu’on fait : un flow en psychologie positive.

En plaçant le “kodak” à un certain endroit, j’ai su que j’étais en train de faire ce qu’il fallait que je fasse; que lui faisait ce qu’il fallait qu’il fasse; que ça allait donner ce qu’il fallait que ça donne. »

Ce que ce moment de grâce a donné, c’est cinq années de production, un rapprochement entre deux frères, un documentaire de 80 minutes et un processus créatif aussi singulier que la réflexion personnelle de son auteur.

Fraternités

Avec Léo Lecours Pelletier, son acolyte caméraman et monteur, David s’équipe. Ils investissent entre 25 000 $ et 30 000 $ en matériel, profitant de bonnes occasions dans l’usagé entre autres. Pirater une caméra de 700 $ pour tourner dans un format moins compressé les affranchit des coûts de location, et ils peuvent tourner à deux caméras. Dans le documentaire, David est filmé en train de filmer Louis, il est interviewé pendant qu’il réalise.surferdbr_7086Même s’ils travaillent bénévolement sans compter les heures, il y a des frais de postproduction à prévoir – accès aux salles et services professionnels pour la coloration, le mixage sonore, la sortie du fichier numérique DCP conforme pour la diffusion… Avec sa partenaire de production Marjorie Champagne, qui est aussi sa compagne, il lance une campagne de sociofinancement sur Kickstarter. Rejoindre les communautés du skate anglophones et francophones et y promouvoir le projet demande plusieurs heures par jour, à surfer sur les sites, blogues, réseaux sociaux. La campagne amasse une somme nette d’environ 10 000 $ – 15 000 $ moins les frais administratifs des plateformes et les impôts. Grâce au soutien des centres d’artistes Spira à Québec et PRIM à Montréal, David bénéficie de rabais considérables et, au final, le film coûte un peu moins de 50 000 $.La trame sonore est aussi le fruit d’un travail en tandem, avec Érick d’Orion. David et lui composent et interprètent au fil d’un processus de création organique qui dure deux ans. À tour de rôle, chacun ajoute une couche au travail de l’autre.Surfer sur la grâce, qui explore le thème universel de la fraternité à travers David et Louis, est la somme d’un travail d’âmes sœurs créatives.

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Un filon

louis__david_ottawaAvec ce premier long métrage documentaire, David B. Ricard croit avoir trouvé « un filon pour exprimer, sortir les choses » en commençant par les intérioriser, en prenant le temps de les digérer, les mûrir. Si le peu de moyens dont il disposait pour Surfer sur la grâce a pu étirer le processus, le cinéaste estime que ce temps était nécessaire pour s’assurer de ne pas faire « un vin cheap ».La même approche introspective guidera son prochain documentaire, où il explorera la honte, l’échec, les erreurs, le pardon, en remontant le cours de ses projets inachevés jusqu’à un film du temps de son adolescence, qu’il envisage de finir 20 ans plus tard!Dans sa mise en scène de lui-même, David B. Ricard retrouve les questions d’ego que soulève le courant des YouTubeurs, du Facebook live, du selfie. Il espère cependant que ses autoportraits, qui ont eu la grâce du temps, nous apprennent – à lui, à nous – quelque chose de plus que les instantanés au rythme effréné.

  • Surfer sur la grâce est présenté en première au FCVQ lundi 19 septembre à 21 h 30 au Cabaret du Capitole, puis au Musée des beaux-arts du Québec le 24 septembre à 10 h. Les détails et billets sont disponibles sur le site du FCVQ.

Bande annonce de Surfer sur la grâce

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