Saint-Roch 1973-2009 par Robert Fleury (4 de 7) : Opération dignité à l’Îlot Fleurie

Journaliste retraité, Robert Fleury a longtemps travaillé dans le quartier Saint-Roch, au journal Le Soleil. Il y a aussi habité de 1990 à 2009. Dans une série de sept billets, il partage ses souvenirs avec les lecteurs de Monsaintroch. Voici le quatrième.

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Les trois premières photos de cet article sont de Marcel Landry.

Journaliste retraité, Robert Fleury a longtemps travaillé dans le quartier Saint-Roch, au journal Le Soleil. Il y a aussi habité de 1990 à 2009. Dans une série de sept billets, il partage ses souvenirs avec les lecteurs de Monsaintroch. Voici le quatrième.

Un champ de ruines

Il s’est écoulé plusieurs années avant que l’édifice La Fabrique et le jardin Saint-Roch ne soient réalités. Dans ce climat morose, quelques initiatives citoyennes naissaient.

La plus spectaculaire fut la création de l’îlot Fleurie, une sorte d’opération dignité qui devait finalement influencer l’administration L’Allier dans ses orientations pour le quartier.

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Été 1991. L’artiste Louis Fortier et son épouse, Denise Thomassin, en avaient marre de ramasser les seringues près de leur maison, à deux pas de l’escalier de la Chapelle. « C’est dangereux pour les enfants », disaient-ils. Au cours des années précédentes, ils s’étaient rendus plus d’une fois à l’hôtel de ville demander que l’on fasse le ménage sur ce terrain vague. Sans succès.

On peine à imaginer aujourd’hui à quel point tout ce coin n’était qu’un champ de ruines. Presque tout le quadrilatère à l’ouest de la rue de la Chapelle, derrière le Cinéma Charest, avait été vidé de ses édifices. Seuls demeuraient ceux qui longeaient le boulevard Charest, mais ils étaient tous désaffectés… en attente de démolition. L’administration L’Allier y avait mis le holà tant qu’un projet majeur ne surgirait pas à l’angle du boulevard Charest et de la rue de la Couronne.

Seules les maisons du Carré Lépine, entre les rues de la Chapelle, Fleurie et Saint-Vallier Est résistaient. Ne restaient que le tracé des rues, des poteaux de téléphone, des monceaux d’asphalte, des vestiges de solages de maison, des débris d’arrières-cours.

marcel-landry_ilot_fleurie« Mission accomplie »

Avec l’aide d’un ami sculpteur, Irénée Lemieux, Louis Fortier acheta un peu de terreau et quelques boîtes de fleurs au marché public pour les installer sur le terrain vague. Des employés municipaux exigèrent qu’ils ramassent tout ça, sinon ils viendraient eux-mêmes faire le ménage.

Qu’à cela ne tienne, Louis ameuta les médias… et ce fut le début de la plus grande opération de résistance… et d’embellissement de l’été. Des centres jardins donnèrent les végétaux et des artistes se mirent de la partie.

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Devant cette mobilisation hors du commun, l’administration municipale changea son fusil d’épaule et collabora avec le groupe de Louis par le prêt d’équipements et de services.

ilot_fleurie_indocile_fantaisie_david_nadeau_bernatchezAu nord de la rue Saint-Vallier Est, il y avait un muret de soutènement de plusieurs mètres de hauteur dans ce qui constituait l’arrière-cour de la rue Fleurie. Dans cette falaise, les artistes et les sculpteurs s’affairaient. Les bénévoles plantaient des arbres, traçaient des sentiers. D’ex-détenus y faisaient même des travaux communautaires.

Plusieurs années plus tard, l’îlot Fleurie allait déménager ses pénates sous l’autoroute Dufferin, l’administration L’Allier souhaitant récupérer les lieux pour de l’habitation. Ce furent les seules maisons de ville à voir le jour dans ce secteur.

fortier_plaque_vqSi plusieurs membres de l’îlot Fleurie souhaitaient conserver l’espace comme parc, Louis ne s’opposa pas à la relocalisation, bien au contraire : « Mission accomplie », disait-il. L’objectif était atteint.L’année qui suivit le décès du père de l’îlot Fleurie en 1999, le maire L’Allier fit apposer une plaque sur la maison de Louis en signe de reconnaissance pour sa contribution à la relance du quartier.

Lire les précédents billets de Robert Fleury :
« Es-tu tombé sur la tête ? »

« Vous n’avez pas eu peur ? »

Une capitale vieillotte

Ne manquez pas le prochain billet de la série  : Des citoyens engagés.

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